Toy Story: les manifestants hongkongais en figurines dans des magasins de jouets
Elles portent des casques, des drapeaux et parfois même des égratignures aux jambes… Des magasins hongkongais engagés vendent des figurines plus vraies que nature à la gloire des manifestants radicaux qui défient depuis sept mois la police locale. Exhibées sur les présentoirs au côté des super-héros de bandes dessinées, elles sont disponibles en différentes tailles. Certaines portent un bouclier, ou un instrument de musique pour jouer un des hymnes de la contestation quand d’autres éteignent une grenade lacrymogène avec un extincteur. Leurs créateurs sont deux amis qui se sont inspirés de leur propre expérience d’une contestation qui a débuté en juin 2019 du rejet d’un projet de loi, désormais abandonné, qui devait autoriser les extraditions vers la Chine. Parmi ces personnages à l’échelle 1:6, figurent aussi des « cols blancs » défilant pendant leur pause déjeuner, des personnes âgées, ou encore un protestataire portant un masque de « Pepe la grenouille », devenu une des mascottes du mouvement. « Nous espérons que ces figurines donneront à voir la situation avec la plus grande authenticité », explique l’un des deux créateurs, qui se fait appeler « Charlie », un pseudonyme, et qui est photographe indépendant. Force est de reconnaître qu’ils ont poussé loin le souci du détail, avec les slogans peints sur les casques, et même le film alimentaire enroulé sur les bras de certains manifestants, une technique courante pour se protéger du gaz poivré aspergé par la police. Les manifestants ont considérablement élargi leurs revendications pour dénoncer les ingérences de la Chine dans les affaires de l’ex-colonie britannique et un recul des libertés, exiger des réformes démocratiques ou une enquête sur ce que les protestataires présentent comme des actes de brutalité de la part de la police. – « Autocensure » – Au fil des mois, la contestation a souvent donné lieu à des affrontements extrêmement violents entre forces de l’ordre et radicaux. Certaines figurines présentent d’ailleurs des égratignures aux jambes. « Nous avons voulu rendre autant que possible chaque détail, afin de susciter l’empathie des gens », explique Charlie. Deux des radicaux de première ligne font désormais l’objet d’une production à la chaîne, en raison d’une demande en hausse depuis que le duo a été pour la première fois proposé à la vente sur internet. Le set comprenant un personnage et ses accessoires est vendu 900 HKD (104 euros). Ils sont fabriqués dans sept pays différents en raison du caractère politiquement sensible de ce produit. « En soi, une bouteille d’eau ou un casque n’est pas un objet sensible. Mais depuis que ce mouvement a débuté, ce sont des objets considérés comme sensibles. C’est de l’autocensure », déplore Charlie, en racontant qu’un jour, subitement, un des fournisseurs a refusé de fabriquer les...
Loi bioéthique: au tour du Sénat, plutôt ouvert à la PMA pour toutes
Deux jours après une nouvelle manifestation des opposants à l’extension de la PMA pour les couples de femmes, le projet de loi bioéthique arrive mardi au Sénat à majorité de droite, qui pourrait contre toute attente valider cette disposition phare du texte. Après l’Assemblée nationale, qui l’a adopté en première lecture mi-octobre, le Sénat va débattre jusqu’au 4 février du texte de révision des lois de bioéthique, troisième du genre, dans le prolongement des lois de 2004 et 2011. Le projet repartira ensuite en deuxième lecture devant les députés. Comme à l’Assemblée nationale, les débats s’annoncent passionnés sur un texte qui a l’ambition de remanier le cadre de la loi pour tenir compte des évolutions scientifiques, technologiques, mais aussi sociétales, dans le respect des principes éthiques. Le président du Sénat Gérard Larcher (LR), qui présidera l’ouverture de la séance mardi après-midi, entend faciliter « une écoute mutuelle » et garantir un débat « de qualité ». Quelque 280 amendements ont été déposés, presque 10 fois moins qu’à l’Assemblée. Un des quatre co-rapporteurs de la commission spéciale constituée pour examiner le texte, Olivier Henno (centriste), y voit « un signe de bonne santé du Sénat ». Mesure emblématique, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires a reçu un premier feu vert des sénateurs en commission. A l’initiative de la co-rapporteure LR Muriel Jourda, opposée à l’extension de la PMA, les sénateurs ont néanmoins réservé sa prise en charge par l’assurance maladie aux demandes fondées sur un critère médical. La PMA pour toutes doit maintenant être votée dans l’hémicycle et le résultat s’annonce serré. « Un combat se prépare », prédit le chef de file des socialistes Patrick Kanner, alors que la gauche est très majoritairement en faveur de la mesure. – « Ethique à la française » – Une partie de la droite – environ deux-tiers du groupe Les Républicains selon son président Bruno Retailleau – y est fondamentalement opposée. Les opposants à la PMA « sans père » se sont rappelés à leur bon souvenir en défilant dans la rue dimanche à Paris, à l’appel d’un collectif de 22 associations, dont La Manif pour tous. La liberté de vote est traditionnellement de mise sur les sujets qui touchent à l’intime, et les positionnements personnels dépassent les clivages partisans, chamboulant la logique arithmétique. Découlant de l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes, la réforme de la filiation risque, elle aussi, d’être âprement discutée. C’est seulement à une voix près que les sénateurs ont donné leur feu vert en commission au nouveau mode de filiation qui permet à la femme qui n’a pas porté le bébé d’être reconnue comme l’un de deux parents, à...
Liban: le président convoque une réunion de sécurité après des violences inédites
Le président libanais va réunir lundi les hauts responsables de la sécurité après un week-end d’affrontements entre policiers et manifestants qui ont fait plus de 500 blessés dans la capitale, des violences sans précédent pour le pays en crise. Au moins 546 personnes, des manifestants mais aussi des membres des forces de l’ordre, ont été blessées dans les heurts de samedi et dimanche dans le centre de Beyrouth, selon les bilans de la croix-rouge libanaise et de la défense civile compilés par l’AFP. Les heurts de samedi ont fait 377 blessés au moins et ont été d’une violence jamais vue depuis le début le 17 octobre d’une contestation qui dénonce une classe politique jugée corrompue et incompétente, sur fond de crise économique aiguë. Lundi en début d’après-midi le président Michel Aoun doit présider une « réunion de sécurité », en présence des ministres de la Défense et de l’Intérieur, mais aussi des hauts gradés des forces de la police et de l’armée, d’après le compte twitter de la présidence. L’objectif est de « discuter des développements sur le plan sécuritaire et des mesures à prendre pour préserver la stabilité et le calme dans le pays », selon l’agence officielle ANI. Samedi et dimanche, la police anti-émeute a tiré des balles en caoutchouc et des volées de gaz lacrymogènes, activant ses canons à eau contre les manifestants rassemblés à l’entrée d’une avenue menant au Parlement. Les contestataires ont lancé des pierres, des pétards et des feux d’artifice contre un barrage de la police bloquant cette avenue, attaquant parfois à l’aide de poteaux de panneaux de signalisation, déracinés et utilisés comme bélier. En trois mois de contestation, la colère n’a fait que grandir parmi les manifestants qui fustigent l’inertie des dirigeants: la crise économique s’aggrave avec des licenciements en masse, des restrictions bancaires drastiques et une forte dépréciation de la livre libanaise face au dollar. Alors que la mobilisation restait globalement pacifique au départ, les affrontements se sont multipliés ces derniers jours, des manifestants attaquant notamment les vitrines des banques qui cristallisent une grande partie de la colère populaire. la crise s’accompagne d’une impasse politique. Depuis la démission fin octobre du Premier ministre Saad Hariri sous la pression de la rue, son gouvernement, chargé des affaires courantes, est accusé d’inertie. Hassan Diab, désigné comme son successeur le 19 décembre, n’a toujours pas formé d’équipe. Les tractations avec les principaux partis traînent en longueur, chaque faction cherchant à garantir sa représentation au sein de la future équipe. © 2020 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle...
Retraites: nouveau round de concertations, Philippe fait un pas vers la CFDT
Un pas vers la CFDT: avant d’ouvrir mardi un nouveau round de concertations sur la réforme des retraites, Edouard Philippe s’est dit « ouvert à des discussions sur beaucoup de sujets », dont celui de la « conférence de financement » proposée par Laurent Berger pour sortir d’un conflit social enlisé. « Je suis ouvert à des discussions sur beaucoup de sujets et j’entends parfois d’excellentes idées », a déclaré sur RTL le Premier ministre, au 34e jour consécutif de grève. Le chef du gouvernement a ainsi répondu favorablement à Laurent Berger, le numéro un de la CFDT. Ce dernier avait plaidé dimanche pour l’organisation d’une « conférence de financement » du système de retraite distincte du projet de loi en préparation, le premier syndicat français restant opposé à l’instauration d’un âge pivot pour inciter les Français à travailler plus longtemps dès 2022. « Je ferai des propositions aux organisations syndicales dans deux heures qui nous permettront peut-être de donner un contenu, un calendrier, un mandat à cette conférence de financement, et donc d’avancer », a poursuivi le Premier ministre, juste avant de se rendre au ministère du Travail où il doit introduire une rencontre multilatérale avec les partenaires sociaux. Edouard Philippe s’est redit « ferme sur l’objectif: nous allons faire un système universel » de retraite par points, « et donc nous allons supprimer les régimes spéciaux ». De même, « l’équilibre du système doit être garanti », le Premier ministre n’en « démord pas ». « Mais je suis ouvert sur la façon dont on peut y arriver », a-t-il enchaîné. Toutefois, « il faut que chacun bouge un peu », a-t-il réaffirmé. Et le gouvernement n’entend pas décaler son projet de loi: il sera présenté en Conseil des ministres le 24 janvier, a confirmé Edouard Philippe, qui pense que le texte sera adopté par l’Assemblée nationale « au mois de mars ». Sans surprise, le Premier ministre n’a pas convaincu les syndicats les plus hostiles à la réforme. « Le seul signe d’ouverture qu’on aurait voulu entendre, c’est +on arrête tout, et on met de l’argent pour financer la Sécurité sociale+ », a répliqué sur France Inter le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. « Il n’y a rien de neuf », a réagi sur RTL François Hommeril (CFE-CGC), estimant que le Premier ministre était resté « droit dans ses bottes ». « Le Premier ministre répète qu’il faut du temps, alors nous lui faisons une proposition: arrêter le processus législatif pour pouvoir aller au fond des dossiers », a dit Michel Beaugas (FO). Du côté des syndicats réformistes, Laurent Escure (Unsa) a noté une « ouverture » de la part du Premier ministre, mais demandé de la « sincérité ». « Il est important de ne plus avoir sur la table l’épouvantail de la mesure d’âge », a-t-il souligné. Des concessions ont...
En Iran, une foule immense appelle à venger un général tué par Washington
Aux cris de « Mort à l’Amérique », une marée humaine en deuil a rendu lundi un vibrant hommage au général Qassem Soleimani, commandant le plus populaire d’Iran, appelant à le venger après son assassinat avec ses compagnons d’armes dans une attaque au drone américaine. Sur un autre front des tensions exacerbées avec Washington, l’Iran a annoncé une nouvelle réduction de ses engagements contenus dans l’accord international conclu en 2015 pour garantir la nature purement civile des activités nucléaires iraniennes, un pacte désormais presque vidé de sa substance. Le président américain Donald Trump, qui s’est retiré unilatéralement en 2018 de l’accord, a réaffirmé qu’il ne laisserait pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire. Encore parties au pacte, les Européens ont dit « regretter profondément » l’annonce iranienne sur la levée de toute limite sur l’enrichissement d’uranium. Face à la crise entre Téhéran et Washington, des ennemis jurés, et le risque d’une déflagration, une réunion extraordinaire de l’OTAN se tient lundi à Bruxelles, et la chancelière allemande Angela Merkel rencontre samedi à Moscou le président russe Vladimir Poutine. Comme à Ahvaz (sud-ouest) et Machhad (nord-est) la veille, les Iraniens se sont déplacés en masse à Téhéran, noire de monde, pour honorer Qassem Soleimani, figure charismatique et très populaire en Iran, tué vendredi avec son lieutenant irakien et huit autres personnes près de l’aéroport de Bagdad. Retenant difficilement ses larmes, le guide suprême Ali Khamenei a présidé une courte prière des morts à l’Université de Téhéran, devant les cercueils contenant les restes de Soleimani, d’Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi (paramilitaires irakiens pro-Iran) et de quatre Iraniens. « La dernière fois que je me souviens d’une telle foule, c’était aux funérailles il y a 30 ans de l’imam Khomeiny », fondateur de la République islamique d’Iran, a déclaré à l’AFP Maziar Khosravi, l’ex-chef du service politique du quotidien réformateur Charq. Estimée à « plusieurs millions » par la télévision d’Etat, la foule alterne entre moments de recueillement et de tristesse, et des explosions de colère aux cris de « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël ». – « Symbole de stupidité » – Des drapeaux américains et israéliens sont brûlés. Hommes et femmes pleurent ou appellent à venger celui qui était le chef de la Force Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, et à ce titre l’architecte de la stratégie de l’Iran au Moyen-Orient. « Stupide Trump, symbole de stupidité et un jouet aux mains du sionisme (Israël, ndlr), ne pense pas qu’avec le martyr de mon père, tout est fini », a lancé Zeinab, la fille de Qassem Soleimani, dont le discours a électrisé la foule. Le cortège funèbre s’est frayé difficilement un passage au milieu de la...
Incendies en Australie: des réservistes déployés après un week-end catastrophique
Des réservistes de l’armée se sont déployés lundi dans les zones ravagées par les feux de forêt dans trois Etats australiens, après un week-end catastrophique sur le front des incendies qui ont fait 24 morts depuis septembre et dévasté une superficie presque équivalente à l’île d’Irlande. En dépit de conditions météorologiques plus clémentes lundi, les autorités ont averti que la crise était loin d’être terminée, alors que les incendies, beaucoup plus précoces et virulents cette saison, ont transformé d’immenses étendues boisées en champs de cendres. Critiqué pour la lenteur de sa réponse, mais aussi pour son piètre bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le Premier ministre conservateur Scott Morrison s’est engagé à reverser sur deux ans deux milliards de dollars australiens (1,2 milliard d’euros) de rentrées fiscales dans un fond national d’aide. « Le chemin sera long mais nous serons au côté des populations au cours de chacune des étapes de la reconstruction », a promis le chef du gouvernement. Epaulés par des renforts venus des Etats-Unis et du Canada, les pompiers australiens profitaient lundi de quelques précipitations et d’une baisse des températures pour s’attaquer à des feux échappant à tout contrôle, avant que le mercure ne remonte dans les prochains jours. – « Ne pas relâcher les efforts » – Le gouvernement a annoncé la plus importante mobilisation de réservistes de l’armée, avec l’appel de 3.000 personnes qui se sont déployées lundi sur la côte est avec pour mission d’aider à évaluer les dégâts, rétablir l’électricité et distribuer aide alimentaire ou carburant aux zones sinistrées. Pour la première fois de l’histoire australienne, le gouvernement a aussi déployé son équipe d’aide médicale pour prêter son concours aux évacuations. Celle-ci sert en temps normal dans les pays étrangers touchés par des catastrophes naturelles. « Il ne faut pas relâcher les efforts, notamment car 130 feux continuent de brûler » en Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré lundi matin la Première ministre de cet Etat, Gladys Berejiklian. Vingt-quatre personnes ont péri depuis septembre dans les incendies qui ont ravagé au total près de huit millions d’hectares dans tout le pays, avec plus de 1.500 maisons parties en fumée. Deux personnes sont en outre portées disparues en Nouvelle-Galles du Sud. Près de huit millions d’hectares (80.000 km2) ont été ravagés dans tout le pays, soit une superficie presque équivalente à celle de l’île d’Irlande. Le Premier ministre de l’Etat du Victoria Daniel Andrews a créé une agence spécialisée dans l’aide aux victimes des feux de forêt. Cet organisme sera permanent, car ce genre de crise risque de se reproduire à l’avenir, du fait du réchauffement climatique. « Il faut être honnête et conscient du fait que nous...