Les forces antijihadistes soutenues par Washington menaient lundi leurs batailles « les plus dures » à Raqa contre les derniers combattants du groupe Etat islamique (EI), en passe de perdre leur ex-« capitale » de facto dans le nord de la Syrie.
Entrées dans Raqa début juin, les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) étaient sur le point de reconquérir les derniers réduits contrôlés par quelque dizaines de jihadistes étrangers seulement, dans une ville désormais vidée de ses habitants.
Comme c’est le cas à Raqa, l’organisation ultra-radicale est acculée dans ses derniers fiefs en Irak et en Syrie. Trois ans après leur fulgurante ascension, le « califat » autoproclamé en 2014 par les jihadistes s’écroule face aux offensives soutenues par les Etats-Unis ou la Russie.
« Les FDS mènent actuellement les batailles les plus dures » à Raqa, a indiqué lundi à l’AFP la porte-parole de l’offensive « Colère de l’Euphrate », Jihane Cheikh Ahmed.
Les derniers combats vont « mettre fin à la présence de Daesh, cela signifie qu’ils ont le choix entre se rendre ou mourir », a-t-elle ajouté, alors que jusqu’à 300 jihadistes étrangers seraient encore retranchés dans la ville, selon les FDS.
L’alliance arabo-kurde, soutenue par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, avait annoncé dimanche que la bataille était entrée dans sa « phase finale », alors que des combattants de l’EI occupent toujours un stade et un hôpital du centre de Raqa.
– ‘Augmentation des frappes’ –
« Les éléments de l’EI qui sont encore présents résistent », a souligné Mme Cheikh Ahmed, précisant que les derniers secteurs où sont retranchés les jihadistes « sont des zones fortifiées, où se trouvent beaucoup de champs de mines ».
Lundi, une journaliste de l’AFP présente dans un secteur entre le stade et l’hôpital a entendu des tirs d’artillerie sporadiques et vu des colonnes de fumée s’élever après des raids aériens.
Le porte-parole de la coalition internationale a d’ailleurs annoncé « une augmentation des frappes en soutien » aux FDS. « Nous nous attendons à ce que les combats dans le dernier secteur soient difficiles », a souligné le colonel Ryand Dillon.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les FDS, qui contrôlent 90% de Raqa, ont repris le quartier d’Al-Barid, dans le nord de la ville.
Un accord négocié par le Conseil civil de Raqa, une administration locale mise en place par les FDS, avait permis d’évacuer samedi les derniers civils pris au piège des combats, et assurer la sortie des jihadistes syriens.
« Plus de 3.000 civils ont fui (Raqa) samedi soir en vertu d’un accord et ont rejoint des zones contrôlées par les FDS », avait déclaré Talal Sello, un des porte-parole du FDS.
Quelque 275 jihadistes syriens et leurs familles ont quitté la ville en vertu de l’accord. Il n’était pas possible dans l’immédiat de savoir s’ils avaient été autorisés à rejoindre d’autres territoires aux mains de l’EI.
D’après le combattant des FDS Choreich Halab, la dernière bataille devrait devenir plus facile « après l’évacuation des civils que (l’EI) utilisait pour que nous et les avions de la coalition ne les visions pas ».
– ‘Plus de terreur’ –
« Entre 250 et 300 terroristes étrangers ayant refusé l’accord et décidé de se battre jusqu’au bout se trouvent encore dans la ville, et certains ont leurs proches avec eux », avait assuré dimanche M. Sello.
La coalition internationale emmenée par Washington avait inlassablement répété que les jihadistes étrangers ne seraient pas autorisés à quitter la ville.
« La dernière chose que nous voulons, c’est que les combattants étrangers soient libérés afin qu’ils puissent retourner dans leur pays d’origine et causer plus de terreur », assurait dimanche le colonel Dillon.
Interrogée sur le sort des jihadistes étrangers de Raqa, la ministre française de la Défense, Florence Parly, évoquait le même jour la volonté de Paris d' »aller au bout de ce combat »: « Si des jihadistes périssent dans ces combats, je dirais que c’est tant mieux », a-t-elle ajouté.
La chute de Raqa va constituer un nouveau revers de taille pour l’EI. La ville était devenue le symbole des pires atrocités commises par l’organisation jihadiste, qui y aurait planifié les attentats ayant frappé plusieurs pays ces dernières années, notamment en Europe.
L’EI contrôle toujours plus de la moitié de la province de Deir Ezzor. Cette région de l’Est syrien, riche en pétrole et frontalière de l’Irak, est le théâtre de deux offensives distinctes visant à en chasser les jihadistes.
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