
Luigi Di Maio, qui devrait être proclamé samedi candidat au poste de chef du gouvernement italien par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) en vue des législatives de 2018, représente le visage rassurant de ce parti populiste.
Devenu en 2013 le plus jeune vice-président de la chambre des députés de l’histoire italienne, à 26 ans, ce Napolitain porte beau avec son physique de gendre idéal, sa coupe de cheveux soignée et son costume-cravate toujours impeccable.
Et surtout, il tranche singulièrement avec Beppe Grillo, le comique fondateur et patron indiscuté du M5S dont le verbe fleuri et les outrances sont devenus la marque de fabrique.
« Di Maio est très populaire parmi les militants et sa force consiste justement dans le fait d’être complètement différent de Beppe Grillo, aussi bien dans sa communication que dans son apparence », explique à l’AFP Alberto Castelvecchi, professeur à l’université Luiss de Rome.
Quand Beppe Grillo évoque à sa manière, dans un spectacle en 2016, le nouveau maire de Londres Sadiq Khan, musulman d’origine pakistanaise – « Et je veux voir après quand il se fera sauter à Westminster… » – , Di Maio, bon orateur, assure le service après-vente, pour calmer les esprits… « Il s’agit d’une réplique dans un spectacle payant et il est fallacieux d’instrumentaliser le spectacle », tempère-il.
Réfutant le terme de populiste, qu’il juge péjoratif, pour qualifier le M5S, il assurait début septembre devant un parterre d’entrepreneurs que le M5S « ne veut pas d’une Italie populiste, extrémiste ou anti-européenne ».
Mais malgré un discours tempéré, et une réputation de sérieux qui lui a valu un certain respect au Parlement, Luigi Di Maio est aussi capable de se montrer pugnace, même au prix d’une gaffe.
En 2016 il s’en prend à celui qui est alors le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi coupable, selon lui, « d’avoir occupé avec arrogance le bien public, comme au temps de Pinochet au Venezuela ».
Né le 6 juillet 1986 à Avellino, commune située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Naples, Luigi Di Maio s’est hissé au sommet du M5S grâce à son extraordinaire capacité d’adaptation.
– Surfeur catholique –
« Di Maio, le surfeur catholique qui vise Palazzo Chigi », le siège de la présidence du Conseil des ministres, écrit ainsi l’hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana, en évoquant ce fils d’une enseignante et d’un entrepreneur qui fut dirigeant du parti d?extrême-droite MSI.
« Sur les sujets d’éthique et de l’immigration, la pensée du candidat Premier ministre ressemble à celle d’un surfeur qui suit la vague. C’est inévitable dans un parti qui sur ces sujets pense, dit et fait tout et le contraire de tout », ajoute le journal.
Désigné lors d’un vote sur internet par les membres inscrits et dûment enregistrés du M5S, sa victoire est toutefois jugée bancale en raison de l’absence de réelle concurrence, les sept autres candidats en lice étant six inconnus et une sénatrice qui ne l’est pas beaucoup moins.
« A-t-on choisi l’homme ou sa disponibilité à se faire guider et conseiller », s’interroge ainsi le quotidien modéré La Stampa, évoquant « un CV plutôt quelconque ».
Dans une rare interview abordant sa vie privée, accordée en 2016 à Vanity Fair, le méridional reconnaît être « fier de sa fiancée belle et sexy », la conseillère en communication politique Silvia Virgulti qui travaille avec les députés du M5S et partage sa vie depuis trois ans.
Celui qui occupe un poste éminent à la chambre des députés a obtenu un baccalauréat avant d’entamer des études universitaires, sans les mener à leur terme.
Quant à ses expériences professionnelles, selon plusieurs médias italiens, elles se limitent à avoir été brièvement administrateur d’un site web, assistant réalisateur et stadier.
Lors des municipales dans sa commune, en 2010, il a obtenu l’investiture avec 59 voix des sympathisants du M5S et pour les législatives de 2013, 189 lui ont suffi.
Et à l’heure de désigner le candidat M5S au poste de Premier ministre, un de ses opposants, Vincenzo Cicchetti, a dénoncé sans succès la candidature « imposée » de Luigi Di Maio, qu’il a qualifié de « gifle pour le pays ».
« On nous l’a imposé seulement parce qu’il est jeune et télégénique. Mais on ne peut pas se présenter avec un candidat qui n’a pas de diplôme universitaire, qui n’a jamais travaillé et ne parle pas anglais », a-t-il lancé.
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