
L’ex-président philippin Benigno Aquino a été inculpé mercredi pour abus de pouvoir, en lien avec un raid antijihadiste qui avait coûté la vie à 44 policiers en janvier 2015, a annoncé le bureau de l’Ombudsman, chargé de la lutte anticorruption.
M. Aquino, qui a été remplacé à la présidence l’an dernier par Rodrigo Duterte, est mis en cause pour avoir permis à un commandant de police de superviser cette opération alors même qu’il avait été suspendu.
Ce raid visait l’artificier islamiste Zulkifli bin Hir, l’un des hommes les plus recherchés de la planète, dont la tête avait été mise à prix cinq millions de dollars par les Etats-Unis.
Mais l’opération avait dégénéré en des affrontements dans le sud de l’archipel avec des rebelles musulmans au cours desquels 44 policiers avaient péri.
Artificier malaisien du groupe Jemaah Islamiyah en Asie du Sud-Est, Zulkifli était le maître d’oeuvre des attentats de Bali qui avaient fait 202 morts en 2002 sur cette île très touristique d’Indonésie, et d’autres attaques meurtrières dans la région.
Le Bureau fédéral d’enquête américain (FBI) avait en février 2015 estimé sur la base d’analyses ADN que Zulkifli avait probablement péri. Mais le bilan très élevé avait profondément choqué aux Philippines.
Le bureau de l’Ombudsman accuse M. Aquino d’avoir permis à un allié proche, l’ex-chef de la police Alan Purisima, de superviser le raid alors même que ce dernier avait été suspendu par l’Ombudsman dans une affaire de corruption.
Des proches de M. Duterte ont déjà invoqué cette affaire pour attaquer M. Aquino, qui s’est montré très critique à l’égard de la sanglante guerre contre la drogue de son successeur.
M. Duterte a cependant défendu mercredi son prédécesseur, et l’autorité du président sur la police.
« Le président peut toujours intervenir, modifier, amender », a dit M. Duterte aux journalistes. « Il est le chef du gouvernement en ce qui concerne la police. »
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