Journée à haut risque pour le Venezuela au bord du défaut de paiement

Le Venezuela doit rembourser vendredi une échéance de 81 millions de dollars, au risque sinon de se retrouver en situation de défaut de paiement sur sa dette extérieure, qu’il veut restructurer malgré sa crise économique, politique et humanitaire.

Même s’il effectue ce paiement, il ne sera pas au bout de ses peines: un nouveau versement de 200 millions de dollars est programmé lundi, jour où le président Nicolas Maduro a convoqué les créanciers internationaux à Caracas pour entamer des négociations.

La dette du Venezuela envers l’étranger est estimée à 150 milliards de dollars.

Mais ses réserves en devises ont fondu à 9,7 milliards de dollars, alors que d’ici la fin de l’année il doit rembourser de 1,47 à 1,7 milliard, puis environ 8 milliards en 2018.

Autrefois le plus riche d’Amérique latine, le pays pétrolier, ruiné notamment par la chute des cours du brut, n’est plus que l’ombre de lui-même: la majorité des aliments et médicaments ont disparu des rayons, générant une crise politique et un mécontentement populaire cristallisé dans les manifestations violentes du printemps, qui ont fait 125 morts.

« D’une façon ou d’une autre, le gouvernement et (le groupe public pétrolier) PDVSA vont faire défaut » sur leur dette, prédisait jeudi Edward Glossop, analyste de Capital Economics, dans une note.

– ‘Nous sommes à la fin du match’ –

« Nous sommes à la fin du match et c’est maintenant une question de jours -et non de semaines- avant que le défaut de paiement soit confirmé », a-t-il ajouté.

Cette semaine, les agences de notation Fitch, S&P Global Ratings et Moody’s ont dégradé la note du Venezuela face à l’imminence d’un défaut, s’inquiétant du paiement de 1,161 milliard de dollars annoncé vendredi dernier par le gouvernement… mais toujours pas parvenu aux créanciers.

Saisi par certains d’entre eux, un comité spécialisé à New York, assemblé par l’ISDA -sorte de vigie mondiale des notes souveraines- et composé de 15 sociétés financières, se réunit vendredi matin à ce sujet. Selon Capital Economics, il devrait confirmer ce retard de paiement.

Le comité « peut prendre une décision lors de cette réunion ou voter pour se réunir à nouveau et débattre encore de la question », a expliqué par mail à l’AFP une porte-parole de l’ISDA.

L’accélération des difficultés de Caracas survient au moment où la communauté internationale, qui dénonce une radicalisation du gouvernement socialiste, vient à nouveau de hausser le ton.

Mercredi, les ambassadeurs des 28 pays de l’Union européenne ont donné leur feu vert à l’adoption de sanctions contre le Venezuela, dont un embargo sur les livraisons d’armes, selon des sources diplomatiques.

Jeudi, les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle vague de sanctions visant dix responsables soupçonnés d’avoir sapé le processus électoral, censuré des médias ou commis des actes de corruption dans les programmes alimentaires.

– Nouvelles sanctions –

Washington interdit déjà à tout citoyen et toute banque américaine d’acheter de nouvelles obligations ou de négocier des accords proposés par le gouvernement vénézuélien ou par la société pétrolière PDVSA.

Dans ce cadre, difficile d’imaginer que des créanciers américains -selon Caracas, 70% des détenteurs de bons vénézuéliens sont des Etats-Unis ou du Canada- se rendent lundi à l’invitation de M. Maduro.

« Cela complique la négociation d’un accord avec les créanciers », souligne Andrea Saldarriaga, analyste pour l’Amérique latine du centre Atlantic Council, pour qui « le scénario le plus probable est un éventuel défaut de paiement ».

Le président Maduro accuse les Etats-Unis de « persécution financière » pour asphyxier le Venezuela en raison de son gouvernement socialiste.

Il espère se sauver grâce à la Chine, à qui il doit 28 milliards de dollars, et la Russie, qui s’apprête à signer un accord pour restructurer 3 milliards sur 8.

Selon les experts, pour convaincre ses créanciers de restructurer la dette -c’est-à-dire rééchelonner les remboursements, et, le plus souvent, diminuer ou effacer des créances-, le gouvernement doit présenter un plan de réformes économiques pour redresser le pays, dont le PIB a fondu de 36% ces quatre dernières années.

« Il doit offrir des garanties qu’il va payer », insiste l’économiste Orlando Ochoa.

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