
Le président du Parlement européen Antonio Tajani a demandé mardi une « enquête internationale » pour élucider l’assassinat à la voiture piégée de la journaliste et blogueuse anti-corruption maltaise Daphne Caruana Galizia.
« Je pense qu’Europol doit aussi être impliquée, dans le cadre d’une enquête internationale », a déclaré M. Tajani après avoir appelé les autorités maltaises à faire « tous les efforts nécessaires » pour retrouver les responsables.
Daphne Caruana Galizia, tuée le 16 octobre, « était une sentinelle, un soldat en première ligne dans la défense de nos valeurs », a affirmé M. Tajani en lui rendant hommage devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg.
« L’homicide de Daphne ne doit pas rester impuni (…) Avec quelle crédibilité pouvons-nous défendre les journalistes du monde, si nous ne sommes pas capables de leur offrir protection et justice chez nous? », a-t-il poursuivi.
Le président du Parlement européen a annoncé que la salle de presse installée au sein du siège de l’institution à Strasbourg porterait désormais le nom de la journaliste maltaise.
Les eurodéputés ont ensuite observé une minute de silence, en présence de membres de la famille de la défunte, dont certains accusent les autorités de la Valette de complicité dans le drame.
La journaliste de 53 ans, souvent qualifiée de « Wikileaks à elle toute seule », avait révélé plusieurs scandales, s’attaquant avec virulence à des proches du Premier ministre travailliste Joseph Muscat mais aussi plus récemment au chef de l’opposition nationaliste (centre droit).
Le gouvernement maltais a promis une récompense d’un million d’euros à quiconque apporterait des informations permettant d’aboutir à l’identification des responsables de l’assassinat.
Les eurodéputés ont par ailleurs voté mardi à Strasbourg une résolution (399 voix pour, 101 contre, 166 abstentions) appelant la Commission européenne à proposer des règles « d’ici la fin de l’année » pour assurer une protection des lanceurs d’alerte à l’échelle européenne.
Ils ont notamment demandé de mettre en place des « mécanismes de signalement pour faciliter le lancement d’alertes », que ce soit au sein de structures ou en s’adressant à des ONG ou à la presse.
Les députés veulent aussi des « sanctions à l’encontre de ceux qui tentent d’empêcher les lanceurs d’alerte de s’exprimer » et la création d’une « aide financière et juridique » pour les lanceurs d’alerte.
« Nous avons eu des révélations, des scandales et des procès, maintenant le temps est venu pour une action de l’UE », a exhorté Nicholas Aiossa, un responsable de l’ONG Transparency International.
« Il est désormais de la responsabilité de la Commission d’écouter les voix des journalistes, de la société civile et du Parlement européen », a plaidé M. Aiossa, cité dans un communiqué.
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