
L’administration américaine a annoncé mercredi la mise en oeuvre des restrictions aux échanges avec Cuba annoncées par Donald Trump pour tempérer le rapprochement lancé par son prédécesseur Barack Obama après plus d’un demi-siècle de tensions.
« Nous avons renforcé notre politique cubaine pour tenir l’activité économique à l’écart de l’armée cubaine et pour encourager le gouvernement à aller dans le sens d’une plus grande liberté politique et économique pour le peuple de Cuba », a déclaré le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin dans un communiqué.
Ces dispositions, qui entrent en vigueur jeudi, visent à faire en sorte que les échanges économiques, assouplis par l’administration Obama, ne bénéficient pas « à l’armée, aux services de renseignement et aux services de sécurité cubains », selon ce communiqué. En revanche, ils doivent continuer de permettre aux Américains de « voyager à Cuba et de soutenir les petites entreprises privées » sûr l’île des Caraïbes.
Le département d’Etat américain publie une liste d’entités « sous le contrôle » de l’armée, du renseignement ou des services de sécurité cubains avec lesquelles les Américains ne peuvent plus engager, sauf exceptions, de « transactions financières directes ».
Parmi ces entités figure le Groupe d’administration d’entreprises (Gaesa), puissant conglomérat de l’armée qui contrôle notamment une partie de l’industrie touristique cubaine, actuellement en plein essor.
Plusieurs hôtels sous son contrôle pourtant gérés par des hôteliers internationaux tels que Kempinski, Iberostar ou Melia sont désormais interdits aux voyageurs américains.
Dans la soirée, La Havane a déploré la confirmation d’un « recul sérieux » dans les relations entre les deux pays depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, et le « durcissement » de l’embargo déjà imposé à l’île depuis 1962.
« Ces mesures nuiront à l’économie cubaine, au secteur public comme au secteur privé », a réagi devant la presse Josefina Vidal, responsable des relations avec les Etats-Unis au ministère des Affaires étrangères.
Celle-ci a également regretté qu’elles priveront les entreprises américaines « d’opportunités d’affaires » et « nuiront aussi aux citoyens » de ce pays, dont les possibilités de voyage à Cuba seront encore davantage limitées.
Ces dispositions américaines détaillées mercredi confirment une application plus stricte des restrictions pour les voyages « culturels » vers l’île communiste, un motif souvent invoqué pour faire du tourisme, qui doivent désormais se faire « sous les auspices d’une organisation » basée aux Etats-Unis.
Le président Trump avait annoncé en juin une rupture symbolique avec le rapprochement engagé par Barack Obama, qui s’était matérialisé par la visite historique du démocrate à La Havane en mars 2016. Le milliardaire républicain n’avait toutefois pas remis en cause le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux anciens pays ennemis.
Depuis cet été, les relations se sont tendues en raison d’une mystérieuse affaire: des « attaques acoustiques » qui ont affecté la santé de 24 diplomates américains en poste à La Havane.
Sans être en mesure de déterminer qui en est l’auteur, ni comment se sont déroulées ces « attaques », Washington a accusé Cuba de ne pas avoir assuré la sécurité de ses diplomates et a drastiquement réduit son personnel sur l’île puis a expulsé une partie du personnel diplomatique cubain aux Etats-Unis.
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