Autriche: le FPÖ, un parti aux racines à la fois « brunes » et libérales

Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), qui espère signer son retour au gouvernement à l’issue de législatives anticipées dimanche, est un parti d’extrême droite fondé par d’anciens nazis et traversé tant par des courants pangermanistes que libéraux.

Son arrivée au pouvoir en coalition avec le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel en 2000 avait provoqué un tollé européen.

– Fondé par d’ex-nazis

Le FPÖ a été créé en 1956 comme émanation de l’Union des indépendants, qui rassemblait dans l’immédiat après-guerre d’anciens nazis privés de leurs droits civiques. Il est dirigé dans ses premières années par un ancien officier de la Waffen-SS.

Vu comme une alternative aux partis social-démocrate (SPÖ) et conservateur (ÖVP) qui dominent le paysage politique, le FPÖ attire cependant aussi des libéraux, qui en prennent même brièvement le contrôle dans la première moitié des années 1980.

– Parenthèse libérale

L’aile radicale mise en minorité, le FPÖ est appelé au gouvernement par le chancelier social-démocrate Fred Sinowatz en 1983. Le parti paie cependant très cher cette participation au pouvoir, atteignant un étiage électoral de 1,2% des voix en 1986.

– Le coup de force de Haider

Alors que le parti est au plus bas, un admirateur déclaré de la Waffen-SS, Jörg Haider, se hisse à sa tête. Ce jeune tribun populiste en fait rapidement une machine de guerre électorale à coup de slogans xénophobes.

En 1989, Haider est élu gouverneur de Carinthie. Contraint de démissionner après avoir fait l’éloge de « la politique de l’emploi du IIIe Reich », il retrouve son siège en 1999 et fera de cette province son fief jusqu’à sa mort dans un accident de voiture en 2008.

En 2000, le FPÖ forme une coalition de gouvernement avec le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel après avoir obtenu 26,9% des voix aux législatives. Seule concession: Haider accepte de céder formellement la tête du parti et de ne pas briguer de fauteuil ministériel, tout en restant de facto aux commandes.

L’entrée du FPÖ au gouvernement provoque un séisme politique en Europe. L’UE adopte des sanctions contre l’Autriche et le pays est un temps traité en paria.

– L’avènement de Strache

En 2005, Haider tente de redorer l’image du parti en écartant les « ultras » pangermanistes, antisémites et xénophobes qui l’avaient porté au pouvoir. Mais il est lui-même mis en minorité et doit abandonner sa formation au jeune Heinz-Christian Strache, dont il fut le mentor.

Celui-ci parvient à donner un nouvel élan au parti en rajeunissant son image. Mais il en durcit également la ligne et les résultats du FPÖ finissent par plonger à la suite d’une longue série de dérapages. Incarnation de l’aile « brune », la candidate à la présidentielle 2010, Barbara Rosenkranz, n’obtient que 15,2% des suffrages.

– Le lissage de l’image

Le FPÖ entreprend alors de recentrer graduellement son image, à l’instar du Front national français. Les caciques les plus encombrants sont écartés, à l’image d’Andreas Mölzer, remercié après avoir qualifié l’UE de « conglomérat de nègres » en 2014.

En 2016, le candidat FPÖ Norbert Hofer réalise le meilleur score national du parti, recueillant 46,2% au second tour de la présidentielle, après une campagne au ton affable et où toute saillie ouvertement xénophobe est bannie.

Cet automne, M. Strache a cultivé une image d’homme d’Etat, articulant sa campagne autour du concept d' »équité ». Tout en soulignant qu’à ses yeux « l’islam n’a pas sa place en Autriche » et en dénonçant le versement de prestations sociales aux migrants.

Le FPÖ est crédité de 27% d’intentions de vote dimanche, ce qui en ferait le deuxième parti derrière les conservateurs de Sebastian Kurz, dont il est considéré comme le partenaire de coalition le plus probable.

Pour le Comité Mauthausen, une organisation de déportés, le FPÖ reste toutefois « incurable » dans ses penchants extrémistes. Fin septembre, le parti a encore dû se défaire d’un cadre local qui avait exposé des reliques nazies.

– Le lourd passif de la Carinthie

L’héritage de la gestion de la Carinthie par M. Haider reste lourd pour le contribuable autrichien. Cette petite province de 550.000 habitants affiche un taux d’endettement de 200%, et les investissements hasardeux de son ex-banque publique, HGAA, ont laissé un passif de plus de 10 milliards d’euros à la charge des finances publiques.

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